MAO : le piège de la « boucle », et quelques astuces pour développer votre créativité.
Tous les home-studistes le savent bien : la créativité ne se décrète pas, et les distractions que nous offrent nos merveilleux logiciels modernes nous détournent souvent de notre objectif initial. Pas de panique, on vous a dégoté deux articles qui devraient vous aider à sortir de l’impasse créative !
DÉJOUER LE PIÈGE DE LA BOUCLE
Qui ne s’est jamais retrouvé coincé pendant des heures dans une boucle de 8 ou 16 mesures, sans parvenir à terminer la chanson ? Ça nous arrive tout le temps, et selon G.W. Childs, le premier coupable serait notre logiciel lui-même, et ses milliers de patchs et plug-ins que l’on aime tant bidouiller à l’infini. Pour en sortir il suffirait, d’après lui, de traiter le mal à la racine.
Les sons :
Prenez du temps pour justement ne plus en perdre. Constituez-vous une librairie avec vos sons favoris et imposez-vous de ne pas en sortir ! Après tout, avec un bon kit de batterie, une ou deux basses, quelques synthés et une guitare, vous disposez déjà d’un arsenal qui suffirait à recréer la plupart des meilleurs albums du 20ème siècle.
Les pistes :
Ah qu’il est bon d’empiler piste sur piste ! Trois guitares, des chœurs façon Armée Rouge, un cor anglais, et puis des violons tiens, plein de violons… Aujourd’hui, c’est possible. Mais est-ce toujours une bonne idée ? Prenez plutôt l’album qui pourrait servir de modèle à votre projet, et décortiquez-le. Identifiez les instruments employés, ce sont ceux que vous utiliserez pour votre projet. Enfin, au lieu d’ajouter une piste, demandez-vous d’abord si elle ne pourrait pas venir plutôt remplacer une piste existante.
La boucle :
Maintenant que votre boucle est prête, écoutez-la jusqu’à l’avoir parfaitement dans la tête – c’est de toute façon souvent le cas – et sortez faire un tour. De nouvelles idées vont germer naturellement durant votre promenade. Imaginez des paroles pour faire apparaître couplets et refrain. De retour au studio, déplacez les curseurs pour créer une nouvelle boucle vide, copiez la batterie et jouez un de vos instruments. Petit-à-petit une nouvelle boucle apparaît. Testez-la avec la première, reprenez un peu de distance, revenez-y. Couplet, refrain, pont, vous voilà enfin sorti de l’impasse, une vraie chanson prend vie !
DES ASTUCES DE PRODUCTEURS POUR RESTER CRÉATIFS
Kami Awori : « Mon temps créatif se situe le matin entre 10h et 14h, et le soir à partir de 21h. […] Mon studio est au cinquième étage, c’est une pièce sans Wi-Fi (je coupe aussi mon téléphone pour travailler) et que je garde propre et bien rangée pour de meilleures vibrations. Mon appartement est au deuxième étage, c’est là que je prends ma pause, en laissant toujours mon ordinateur au studio. Pendant ma pause, je laisse mon esprit voyager, assise sur mon balcon avec une tasse de thé. Au bout de 30 minutes, lorsque je remonte, je me sens régénérée, comme si un nouvel espace s’était ouvert dans mon esprit. »
Caterina Barbieri : « Lorsque je me sens bloquée, j’aime m’allonger sur mon lit pour écouter mon projet. Je baisse le volume pour pouvoir m’endormir si nécessaire et j’écoute ma musique en boucle, en essayant de prendre de la distance, comme si j’étais étrangère à mon propre projet. Lorsqu’on travaille, on écoute trop souvent avec les yeux rivés sur l’écran, et pas assez avec les oreilles. […]. Tout bon home-studio devrait avoir un lit. »
Eric Cloutier : « Je prends le titre de quelqu’un que j’apprécie et j’essaie de le disséquer pour le reproduire à ma façon. En essayant de recréer un pad, un synthé, un effet ou une boucle rythmique, non seulement j’apprends quelque chose de nouveau mais je crée en plus les conditions pour d’« heureux accidents », qui n’auront rapidement plus aucun rapport avec le son original.. »
Kim Ann Foxman : « J’aime jouer avec les mute et les solos sur certaines pistes, en essayant de trouver les meilleures combinaisons. Ceci me permet de me débarrasser du superflu et d’aller vers de nouvelles directions. »
Dirk Leyers : « Quand je suis bloqué sur un titre, j’aime créer de nouveaux sons et m’amuser avec mon matériel, sans but précis, jusqu’à ce que je me sente mieux. Je constitue des bibliothèques de sons qui me serviront plus tard pour d’autres titres. »
Demian Licht : « Je visualise mes albums comme des scripts, pour développer des histoires sonores. Ces scripts peuvent provenir d’un article, d’un livre, d’une image. »
Stud1nt : « Mes blocages sont essentiellement liés au fait d’être submergé par les possibilités qui s’offrent à moi. C’est pourquoi je me fixe des limites : ne pas passer plus de cinq minutes à modifier un son, ou ne pas dépasser 4 instruments et 2 ou 3 effets sur un titre. On oublie trop vite qu’il n’est pas nécessaire d’avoir des tonnes de plug-ins et de matériel pour être créatif, juste de la patience, de l’amour et de la concentration. »
Pour en savoir plus :
Les deux articles (en anglais) ayant largement inspiré ce billet : Music Production Tips: Getting past the Loop et Studio Tips for Modern Musicians.